Archéocosmétique et particules,
Philippe Hallegot, L'Oréal
Exemple 1 : Les produits cosmétiques étaient déjà
utilisés dans l'ancienne Egypte il y a des milliers d'années.
Les produits colorants étaient préparés à
partir de composants naturels mélangés avec des huiles,
des crèmes ou de l'eau. Récemment, des produits de maquillage
datant de 2000 à 1200 ans avant JC, se sont révélés
être en grande partie issus de la chimie du plomb. La matière
première était la litharge (PbO), qui est un minéral
rougeâtre, et qui était réduit en poudre et malaxé
avec de l'eau. En plus des cosmétiques traditionnels, des colorants
pour cheveux, à base de plomb, existaient également à
cette même période. Une recette de colorant pour cheveu,
décrite en Arabie dans un ouvrage médical datant du 11ième
siècle, fait appel à du PbO et à de la chaux. Le
procédé par lequel l'oxyde de plomb d'origine colore la
fibre capillaire est basé sur la formation de galène (PbS)
de couleur noire. Ce sulfure de plomb se trouve alors sous la forme
de cristaux de très petite taille. L'hypothèse la plus
vraisemblable est que le plomb, sous forme ionique en présence
de chaux, réagit avec la matrice riche en soufre qui entoure
les micro-fibrilles du cheveu.
Exemple 2: Une accumulation importante de calcium et de phosphore a
été trouvée au niveau de la partie centrale de
la tige pilaire dans le cas de momies découvertes dans le désert
de Taklamakan, à l'ouest de la Chine. Les momies datent du premier
millénaire avant JC. Ces accumulations, dont l'origine n'est
pas encore déterminé, se présentent sous la forme
de cristaux de très petites dimensions. Ce qui est sans doute
le plus surprenant, est la distribution de ces cristaux suivant des
alignements qui semblent révéler une structure biologique
fibreuse au sein de la fibre.
Ces deux exemples décrivent un contrôle précis de
la croissance cristalline par la structure moléculaire organisée
de la fibre capillaire.