Tomographie atomique laser et Nanosciences
Didier BLAVETTE
Institut Universitaire, Groupe de Physique des Matériaux, UMR
CNRS 6634, Université de Rouen, France
La sonde atomique tomographique conçue au GPM dans les années
90 [1], est la seule classe de microscope analytique produisant des
cartographies 3D de la distribution des espèces chimiques avec
une résolution atomique. Le volume analysé (40x40x100
nm3) est proche de celui accessible par simulation Monte-Carlo de sorte
qu'une confrontation directe peut être menée pour l'étude
par exemple des chemins cinétiques de transformation (précipitation,
mise en ordre).
La tomographie atomique a produit des résultats marquants sur
la précipitation dans les alliages (superalliages, aciers, bases
Aluminium. . . ), la ségrégation d'impuretés (le
bore) sur les défauts cristallins, qu'il s'agisse des joints
de grains dans les superalliages, des fautes d'empilement ou des dislocations
dans les intermétalliques FeAl [2]. Avec le développement
des techniques d'amincissement par FIB (focussed ion beam), des résultats
marquants ont été obtenus en nanosciences, en particulier
sur les multicouches magnétiques.
Le laboratoire vient de concevoir une nouvelle génération
de sonde atomique tomographique " grand angle " assistée
par des impulsions laser ultra-rapides femto-seconde (LaWaTAP,
laser assisted wide angle tomographic atom probe) ouvrant l'instrument
aux matériaux mauvais conducteurs de l'électricité.
La LaWaTAP, conçue conjointement et commercialisée
par CAMECA permet l'analyse des semi-conducteurs et oxydes, matériaux
clé en microélectronique [3].
Cet exposé fait le point sur ces derniers avancements et applications
notamment en nanosciences, notamment en microélectronique et
l'électronique de spin. Après une présentation
succincte des principes de la tomographie, une confrontation au SIMS
de résultats sur les semi-conducteurs sera présentée.
Divers exemples en nanosciences seront ensuite donnés. Parmi
les résultats récents, citons la mise en évidence
d'amas (BICs) dans le silicium implanté [4], ou encore
la mise en évidence d'eets d'interface dans les multicouches
magnétiques magnétostrictives TbCo2/Fe
ou encore dans les jonctions tunnel MgO/Fe/MgO.
[1] D. Blavette, A. Bostel, J. M. Sarrau, B. Deconihout and A. Menand,
Nature, 432-435, 363 (1993)
[2] D. Blavette, E. Cadel, A. Fraczkiewicz, A. Menand, Science, 2317-2319
(1999)
[3] B. Gault, F. Vurpillot, A. Vella, M. Gilbert, A. Menand, D. Blavette,
B. Deconihout, Rev. Sci. Instr., 043705, 77 (2006)
[4] O. Cojocaru-Miredin, E. Cadel, F. Vurpillot, D. Mangelinck, D. Blavette,
Scripta Mater., 285-288, 60 (2009)