Microscopie électronique et carpologie

Erwan MESSAGER (1,2) et Brigitte DENIAUX (2)

1). Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie, UMR 7041, ArscAn, 21, allée de l'Université, 92023 Nanterre
2). Département de Préhistoire du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, UMR 7194, 1, rue René Panhard, 75013 Paris / UMR 7194, Avenue Léon-Jean Grégory, 66720 Tautavel

La reconnaissance des fruits ou des graines fossiles (identification carpologique) sur les sites archéologiques remontant aux époques paléolithiques est une opération difficile qui nécessite la recherche de critères d'identification pertinents. La microscopie électronique à balayage en conditions de vide dégradé utilisant la vapeur d'eau comme gaz (ESEM) se montre très performante car elle permet de mettre en évidence des caractéristiques microscopiques sur les spécimens fossiles sans avoir recours à la métallisation.

Les caractéristiques ainsi reconnues sur les restes fossiles peuvent alors être comparées à celles des spécimens d'une collection de fruits modernes. Cette démarche a été employée avec les fruits fossiles retrouvés dans le gisement de Dmanissi situé dans le Caucase. Ce site du Paléolithique inférieur est actuellement le plus ancien reconnu en Eurasie (1,7 million d'années) et témoigne des toutes premières phases de peuplement humain hors du continent africain. Les vestiges d'origine botanique retrouvés sur ce site sont étudiés pour reconstruire la végétation contemporaine de cette population d'hominidés parmi les premières à occuper le milieu tempéré. L'examen des restes de fruits en microscopie électronique à balayage a permis d'identifier 500 restes répartis en huit classes. Les groupes botaniques ainsi déterminés reflètent des plantes pionnières et adaptées à la sécheresse. De même époque que les restes archéologiques, ces fruits montrent que l'environnement immédiat des hominidés était occupé par une communauté herbacée xérophile développée au profit d'un contexte local relativement sec.

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