Microscopie environnementale à haute température
: de l'intérêt d'une approche in situ en temps réel
pour la compréhension des phénomènes de frittage
et d'oxydation de films minces
L. Joly-Pottuz, P. Steyer, G. Thollet, A. Bogner
Université de Lyon, INSA de Lyon, MATEIS, UMR CNRS 5510, 7 avenue
Jean Capelle, 69621 Villeurbanne Cedex
L'observation d'échantillons à hautes températures
dans un ESEM propose aujourd'hui des perspectives très intéressantes
pour une meilleure compréhension du comportement des matériaux,
et pour une amélioration de leur synthèse en vue de prolonger
leur durée de vie.
Le premier aspect se rapporte aux matériaux céramiques.
Leurs propriétés sont directement liées à
la phase d'élaboration, et principalement au frittage. Le frittage
se produit à très hautes températures (au dessus
de 1000°C) et jusqu'à présent il n'était possible
d'aborder les phénomènes de frittage qu'au travers d'observations
de matériaux déjà frittés. L'utilisation
de l'ESEM permet de suivre durant le chauffage l'évolution de
l'échantillon (formation de cou entre les grains de céramiques,
grossissement des grains
). Le problème majeur de ce type
d'observations est la perte de contraste au dessus de 1000°C due
à l'émission d'électrons thermoélectroniques
par l'échantillon et le porte échantillon. Pour pallier
à ce problème, cette émission indésirable
a été limitée par l'emploi d'un porte échantillon
en platine, métal dont le travail de sortie des électrons
est élevé.
Le second aspect concerne l'étude de l'oxydation de revêtements
durs déposés par procédé PVD et développés
pour les outils de coupe. Les mesures conventionnelles de résistance
thermiques sont menées en thermobalance. On obtient alors une
analyse quantitative intéressante, mais dénuée
d'informations relatives au mécanisme de dégradation.
Ces informations sont en revanche accessibles grâce à l'emploi
de l'ESEM à chaud, pour lequel la chambre du microscope se comporte
comme un microréacteur, au sein duquel les réactions se
déroulent en temps réel. L'évolution des revêtements
dans les conditions extrêmes de leur future utilisation sont ainsi
simulées. Il est alors possible de comprendre les mécanismes
d'oxydation, et ensuite d'optimiser les films pour améliorer
leur durée de vie.
Cette présentation développera les résultats obtenus
lors de ces deux études en mettant l'accent sur les points critiques
de ces observations ainsi que sur l'apport de ce type d'expériences
sur l'étude plus générale des matériaux.