Cartographies d’orientations cristallines obtenues par série d’image ionique
C. Langlois1, H. Yuan1, T. Douillard1, B. Van de Moortele2, A. Descamps-Mandine3, N.P. Blanchard4, T. Epicier1
- Laboratoire MATEIS, INSA de Lyon, 7 av. Capelle, 69100 Villeurbanne
- Laboratoire de Géologie de Lyon, Ecole Normale Supérieure de Lyon, 46 allée d’Italie, 69364 Lyon
- Institut des Nanotechnologies de Lyon, INSA de Lyon, 7 av. Capelle, 69100 Villeurbanne
- Institut Lumière Matière, Univ. Claude Bernard Lyon 1, 43 bd du 11 Nov. 1918, 69100 Villeurbanne
Obtenir des cartographies d’orientation cristalline sur une zone d’un
échantillon polycristallin est crucial en science des matériaux. Ces
cartographies permettent d’avoir des informations par exemple sur la
texture cristallographique dans le matériau ainsi que sur la présence
de contraintes dans les grains, ce qui est très important pour
comprendre les propriétés du matériau [1,2].
Actuellement, ces cartographies sont obtenues par Electron Back
Scattered Diffraction (EBSD), ce qui nécessite l’installation d’une
caméra supplémentaire dans le microscope à balayage. De plus, la
géométrie d’acquisition est complexe (platine tiltée à ~70°), ce qui
décroît la résolution spatiale perpendiculairement à l’axe de tilt. Les
grandes directions de recherche en EBSD portent d’une part sur la
vitesse d’acquisition et de traitement (high-speed EBSD), et d’autre
part sur la précision angulaire (high resolution EBSD). Ceci traduit le
besoin constant d’améliorer les méthodes d’obtention de cartographie
d’orientation, de manière à faire entrer cette technique de plus en
plus en routine au sein des laboratoires industriels (contrôle qualité
et recherche/développement).
La méthode que nous proposons pour obtenir des cartographies
d’orientation cristallographique repose sur le phénomène de
canalisation d’un faisceau d’ions par les plans cristallins à la
surface de l’échantillon. Actuellement, ce phénomène est plutôt utilisé
avec un faisceau électronique en relation avec l’observation de défauts
cristallins sous la surface (dislocations, fautes d’empilement) mais
pas pour produire des cartographies telles que celles obtenues en EBSD.
Pourtant, c’est une idée déjà mentionnée par plusieurs auteurs dans le
passé [3]. Le principe repose sur l’acquisition sur une même zone d’une
série d’images ioniques pour différentes orientations de l’échantillon.
De par le phénomène de canalisation, un pixel de la zone, repéré par
ses coordonnées X et Y, aura une intensité différente sur chaque image.
On peut donc obtenir pour chaque pixel un profil d’intensité en
fonction de la coordonnée décrivant l’orientation de l’échantillon par
rapport au faisceau. Ces profils d’intensité présentent des creux
correspondant aux angles pour lesquels le faisceau d’ions s’est trouvé
parallèle à certaines familles de plan. Un profil d’intensité est donc
une signature très fine de l’orientation de l’échantillon.
Pour déterminer l’orientation cristallographique de l’échantillon en un
point donné, l’idée consiste à rechercher dans une base de données de
profils théoriques celui qui sera le plus proche du profil d’intensité
expérimental au point considéré. Les trois angles d’Euler associés au
profil d’intensité théorique le plus proche donneront donc
l’orientation cristalline en ce point. La clé du problème réside donc
dans la construction d’un profil théorique pour une orientation fixée,
de manière à constituer cette base de données. Plusieurs approches sont
possibles pour cela, qui seront expliquées et discutées en détail au
cours de la présentation.
Cette méthode a fait l’objet d’un dépôt de brevet. Il est nécessaire
maintenant d’explorer les potentialités de cette méthode, en termes de
résolution, rapidité, fiabilité et étendue du domaine d’application.
Fig. 1:
copie d’écran du logiciel écrit pour vérifier la corrélation entre le
profil d’intensité en un point obtenu à partir d’une série d’images et
les angles d’Euler au même point issus d’une cartographie EBSD acquise
sur la même zone.
Fig. 2 :
copie d’écran du logiciel écrit pour comparer le profil d’intensité
experimental (vert), le profil théorique correspondant à l’orientation
donnée par l’EBSD (rouge) et le profil trouvé dans la base de donnée
(bleu). Dans le cas présenté sur la figure, la différence en
l’orientation EBSD et l’orientation trouvée dans la base est de 1,5°.
Références :
[1] Estimation of recrystallized volume fraction from EBSD data, J.
Tarasiuk, Ph. Gerber and B. Bacroix, Acta Mater (2002) 50 1467–1477
[2] Characterization of the Grain-Boundary Character and Energy
Distributions of Yttria Using Automated Serial Sectioning and EBSD in
the FIB, S.J. Dillon and G.S. Rohrer, Journal of the American Ceramic
Society (2009) 92 1580–1585
[3] Crystallographic orientation contrast associated with Ga+ ion
channeling for Fe and Cu in focused ion beam method, Y. Yahiro, K.
Kaneko, T. Fujita, W.-J. Moon and Z. Horita, Journal of Electron
Microscopy (2004) 53 571–576
|